Le guide complice et expert pour tout savoir sur les tortues aquatiques

27/09/2025

Bienvenue dans l’univers des tortues aquatiques

Imaginez un petit dinosaure nageant paisiblement, la tête oscillant doucement sous une feuille de nénuphar. Ce n’est pas un rêve de naturaliste, c’est le quotidien des tortues aquatiques, ces reptiles fascinants à la carapace lustrée et aux rituels parfois déroutants. Adopter une tortue d’eau, c’est inviter chez soi un morceau de préhistoire… mais aussi s’engager à lui offrir un milieu adapté à ses besoins spécifiques.

Longtemps victimes de leur charme – et malheureusement de beaucoup d’idées reçues – les tortues aquatiques sont exigeantes et passionnantes ! Que vous admiriez leurs nage gracile ou que vous envisagiez d’en accueillir une, plongeons ensemble dans leur univers : identification des espèces, conseils d'installation, alimentation éclairée, santé, et astuces pour leur offrir une vie de rêve.

Petit panorama des espèces de tortues aquatiques les plus répandues

Sous le terme “tortue aquatique”, se cachent des dizaines d’espèces, très différentes en taille, en comportement ou en besoins. Aperçu des principales espèces rencontrées en captivité en France :

  • La Trachemys scripta (Tortue de Floride) :
    • Connue sous les noms tortue à tempes rouges (“Red-eared slider”), à tempes jaunes ou à joues oranges (selon la sous-espèce).
    • Originaire d’Amérique du Nord, parfois relâchée dans la nature. Classée espèce invasive dans beaucoup de régions françaises.
    • Peut dépasser 25-30 cm à l’âge adulte pour près de 2 kg (source : INPN).
  • La Pseudemys concinna (Tortue à ventre jaune) :
    • Assez massive à l’âge adulte (~30 cm, jusqu’à 3 kg pour les femelles), besoin d’un grand espace de nage.
    • Alimentation majoritairement végétarienne à maturité.
  • La Graptemys spp. (Tortues à dos en “scie”) :
    • Petites tortues nord-américaines très actives, carapace décorée.
    • Adultes de 15-20 cm maximum, parfaites pour les aquariums de taille moyenne.
  • La Sternotherus odoratus (Tortue musquée) :
    • Petite taille (10-13 cm adulte), comportement discret, excellente nageuse et grimpeuse de racines immergées.
    • Odeur musquée lorsqu’elle se sent menacée... d’où son nom !
  • La Pelomedusa subrufa (Pelomédusa) :
    • Originaire d’Afrique, aime s’enfouir dans le substrat.
    • Capacité étonnante à survivre hors de l’eau pendant la saison sèche.

D’autres espèces, comme la tortue à nez de cochon (Careaus insculpta), la tortue matamata, ou certaines tortues asiatiques (Mauremys, Sacalia), sont plus rares ou réservées à des aquariophiles expérimentés, car leurs besoins sont complexes.

À savoir : La plupart des tortues aquatiques vendues en animalerie proviennent d’élevages spécialisés (source : Ancefa, 2020). Mais attention, certaines espèces nécessitent des autorisations particulières (ex. tortue de Floride, Arrêté du 14 février 2018 relatif à sa détention en France).

Installer un habitat aquatique adapté : conseils pratiques et astuces de pros

Créer un aquarium confortable pour sa tortue, c’est un peu comme imaginer une plage anti-stress avec un spa intégré ! Le choix du bac, de la filtration, de l’éclairage… tout compte pour son bien-être. Voici nos recommandations clés, issues autant de la pratique vétérinaire que de l’observation en nature.

Volume et espace de nage : voir grand, même pour les petites espèces

  • Pour une tortue juvénile : Un aquarium de 60-80 litres peut suffire, mais il faudra vite passer la barre des 100-120 litres. Les espèces dites “petites” peuvent atteindre de 12 à 15 cm entre 3 et 5 ans !
  • Pour une adulte moyenne (20 cm) : Comptez au minimum 150 à 200 litres par animal.
  • Pour une grande espèce (30 cm) : Privilégiez les aquariums de 300 litres ou plus.

Un test grandeur nature ? Imaginez toujours que lorsque votre tortue s’étire de tout son long, elle doit pouvoir nager sans toucher les parois ni être gênée pour faire demi-tour. Cela évite le stress et le surpoids.

Le choix du substrat et des éléments naturels

  • Plutôt qu’un simple gravier, privilégiez le sable de Loire (lisse, non coupant) ou des galets de rivière assez gros pour ne pas être avalés : ils limitent les risques d’occlusion intestinale, fréquents chez les jeunes curieux.
  • Ajoutez quelques racines, pierres plates (chauffées et brossées avant introduction), plantations robustes (Anubias, Echinodorus, Microsorum) en pots lestés pour offrir des cachettes et des zones ombragées.

Anecdote : En installant un tapis de mousse de Java sous l’eau, on observe parfois des comportements de “grattage” pour se déparasiter, dignes des rituels vus dans les rivières d’Amazonie !

Bain de soleil et plages sèches : des indispensables !

  • La moitié de la surface doit être dédiée à une plage émergée : les tortues y viennent sécher leur carapace, se thermoréguler et prévenir certaines affections comme la pourriture de la dossière.
  • Chauffez cette zone à 30-32°C grâce à une lampe chauffante (spot céramique ou halogène). Installez une rampe d’accès stable : une racine émergée, un gros caillou plat, ou une plage flottante robuste.
  • Souvenez-vous : sans uvB, pas d’assimilation optimale du calcium (donc des carapaces molles et des soucis osseux). Optez pour une rampe uvB 5-10% selon les espèces (ex : Arcadia, Exo Terra…).

Filtration, oxygénation et nettoyage : l’eau, c’est la vie

  • Investissez dans un filtre externe puissant (capable de filtrer 3 à 5 fois le volume du bac par heure, exemple : filtre 1000 litres/heure pour bac de 200 litres), car les tortues sont de véritables “petites vaches aquatiques”.
  • Prévoyez des changements d’eau partiels réguliers (20 à 30% toutes les semaines).
  • N’hésitez pas à installer un bulleur pour optimiser le taux d’oxygène dissous (surtout l’été).

Bon à savoir : En captivité, 90% des troubles de santé des tortues aquatiques sont liés à une eau mal filtrée ou trop acide (source : Dr Amandine Lécuyer, vétérinaire NAC).

L’alimentation des tortues aquatiques : l’art de l’équilibre

“Mais, elles mangent quoi, les tortues d’eau ? De la salade ? Des crevettes séchées ?” — Voilà l’une des questions les plus fréquentes… Et souvent, la source de bien des soucis ! Car si les tortues aquatiques sont presque toutes omnivores, leur proportion végétal/animal varie selon l’espèce et l’âge.

  • Juvéniles (moins de 2-3 ans) : alimentation majoritairement carnée (Trachemys, Graptemys…), car elles ont de gros besoins en protéines : petits invertébrés (vers de vase, artemias, escargots), poissons, petits morceaux de cœur de bœuf, etc.
  • Adulthood : pour la plupart des espèces, passage progressif à plus de 50-70% de végétaux (pissenlit, plantain, lentilles d’eau, fanes bio, jeunes feuilles de laitue romaine). Elles continuent à consommer poissons, vers, aliments complets du commerce.
  • Espèces végétariennes strictes (ex : Pseudemys) : préfèrent les végétaux aquatiques, fruits (occasionnellement, melon, fraise, courgettes pelées), mais toujours en évitant la laitue iceberg (trop pauvre).

Astuce : Évitez les crevettes séchées en exclusivité (carence en vitamine A, déséquilibre phosphocalcique). Préférez des granulés premium (Tetra, JBL, Zoomed Aquatic) et variez les sources. Placez un os de seiche pour le calcium à volonté.

Type de nourriture Bénéfices Fréquence conseillée
Crevettes fraîches / petits poissons Apport protéines naturelle 2 à 3 fois/semaine
Légumes verts (pissenlit, fanes) Fibres, vitamine A et C Quotidien
Granulés complets (+10% protéines) Alimentation de base équilibrée 1 à 2 repas/3 jours

Anecdote vétérinaire : On distingue souvent les tortues nourries “maison” : carapace bien lisse, coloration éclatante, comportement curieux. À l’inverse, celles ayant reçu crevettes et apports déséquilibrés sont apathiques, la carapace se cabosse ou blanchit.

Santé et prévention : garantir une longue vie à sa tortue aquatique

Une tortue bien tenue, c’est un animal qui peut vivre 25, 40 parfois 50 ans pour certaines espèces ! Pourtant, trop d’accidents pourraient être évités avec quelques gestes simples, loin des peurs et alarmismes inutiles.

Nos 5 conseils d’experts pour une tortue au top de sa forme

  1. Surveillez la température : Eau entre 23 et 27°C (un peu plus pour les jeunes), plage à 30-32°C. Un thermoplongeur fiable est indispensable.
  2. Baissez l’éclairage la nuit : Comme en milieu naturel, les cycles d’éclairage jour/nuit sont essentiels pour leur rythme biologique. Jamais d’éclairage 24h/24.
  3. Changez l’eau régulièrement : Contrôlez la qualité (pH autour de 7,5, pas d’ammoniaque, taux de nitrites < 0,1 mg/l), ou faites tester en animalerie.
  4. Surveillez la carapace et les yeux : Gommez les idées reçues : une tortue qui “mue” souvent ou a des taches blanchâtres a peut-être un souci de nutrition, d’eau ou d’éclairage.
  5. Prévoyez une visite annuelle chez un vétérinaire NAC : Contrôle général, analyse de selles (parasitoses fréquentes), conseils adaptés à votre espèce.

Les principales affections : comment les repérer ?

  • Rhinites : Jetage nasal, bulles à la narine, difficulté à plonger → Souvent lié à une eau trop froide, mal filtrée.
  • Escarres et nécrose de la carapace : Taches molles ou nécroses, déformations → En cause : surpopulation ou absence de plage sèche, carences en UVB et calcium.
  • Parasitoses intestinales : Amaigrissement, diarrhée, apathie → Fréquentes chez les juvéniles, transmissibles lors d’introduction de proies vivantes (source : AFdPZ, 2021).

Le saviez-vous ? Anecdotes sur la vie fascinante des tortues aquatiques

  • Beaucoup de tortues aquatiques “dormiraient” sous l’eau en apnée de plusieurs heures ! Les Sternotherus et Pelomedusa, par exemple, peuvent ralentir leur métabolisme et ne remonter qu’en fin de nuit.
  • Certaines (Trachemys, Graptemys) “dansent” à la surface avec leurs pattes avant, c’est leur rituel de séduction ; il n’est pas rare de les voir le matin, juste après l’allumage des lampes !
  • En captivité, une tortue adulte mâle peut reconnaître son gardien·ne et venir “demander” à manger en tapant la vitre, rituel d’interaction développé autour de l’alimentation.

Pour aller plus loin… et continuer à observer (ou adopter) en toute conscience

Adopter une tortue aquatique, c’est rejoindre une communauté de passionnés et offrir à son animal une longévité qu’il aura rarement en milieu naturel, souvent victime de la pollution ou de la concurrence d’espèces invasives (source : IUCN Red List). L’enjeu est aussi écologique : beaucoup d’espèces sont menacées et il est interdit de relâcher son animal dans la nature (le cas de la tortue de Floride ayant envahi les étangs d’Europe le prouve !).

Pour partager, poser vos questions ou découvrir d’autres anecdotes, n’hésitez pas à explorer les forums spécialisés, suivre les recommandations de l’UFCS (Union Française pour la Conservation des Tortues) ou consulter des ouvrages illustrés comme celui de Franck Bonin, “Les tortues aquatiques et semi-aquatiques” (Ed. Délachaux et Niestlé).

Accueillir une tortue aquatique, c’est s’offrir – et lui offrir – des années de découvertes. Leur bien-être dépend de vos petites attentions, de votre observation complice et d’un brin de curiosité. Les tortues aquatiques sont bien plus que de simples animaux décoratifs : ce sont de véritables petits mondes à découvrir, à protéger et à aimer.

Sources principales : Ancefa, INPN, UFCS, Dr Amandine Lécuyer (vétérinaire NAC), Frankie Bonin, AFdPZ, IUCN Red List

Pour aller plus loin